L’AFASPA s’est associée à la campagne de l’ACAT visant à alerter sur la situation critique du prisonnier politique sahraoui Mohamed Lamine Haddi en grève de la faim depuis le 15 mars. C’est sa troisième tentative de revendiquer de la seule liberté qui lui reste, de dénoncer les sévices et tortures qu’il subit et deréclamer ses droits de prisonnier politique. Le Président de l’AFASPA a adressé ce courrier à Joseph Borrell à la Commission européenne avec copie aux autorités marocaines et françaises.
Excellence,
Sur la base d’informations communiquées par l’ACAT-France, j’attire votre attention sur la situation extrêmement préoccupante de Mohamed Lamine Haddi, militant sahraoui, officiellement détenu à la prison de Tiflet 2 en territoire marocain, qui a subi des mauvais traitements et actes de torture le 15 mars 2022.
En 2021, il a mené deux longues grève de la faim, de respectivement 69 et 63 jours, au cours avant d’être nourri de force par les gardes pénitentiaires à travers une sonde nasogastrique et des injections de vitamines. C’est suite à l’annonce le 15 mars 2022 de sa volonté de procéder à une nouvelle grève de la faim qu’il a été torturé (tabassage, arrachage de poils de la barbe et pratiques de technique d’étouffement) et continue d’être harcelé psychologiquement à travers des insultes et menaces à son encontre.
Il n’a pas reçu de soins médicaux nécessaires à la suite de ses grèves de la faim ni après les attaques récemment subies. Il continue également de se voir privé de l’argent envoyé par sa famille pour pouvoir acheter de la nourriture. Depuis 2017, il est détenu à l’isolement avec seulement une heure de sortie autorisée par jour, en violation des standards internationaux en la matière.
Suite à votre déclaration du 6 mai 2021 où vous indiquiez suivre particulièrement la situation de Mohamed Lamine Haddi, je vous demande de bien vouloir adopter une déclaration publique demandant aux autorités marocaines :
– De mettre fin aux actes de torture, mauvais traitements et autres formes d’harcèlements menés à l’encontre Mohamed Lamine Haddi et de mettre en place une enquête indépendante sur les allégations de tortures et autres violations subies par les victimes présumées ;
– De répondre aux demandes légitimes de Mohamed Lamine Haddi concernant ses conditions de détention ainsi que sa demande d’être dans un établissement pénitentiaire situé à proximité de sa famille basée à Laâyoune ;
– De permettre un contact régulier par téléphone et par des visites avec sa famille et ses avocats ;
– De respecter ses obligations internationales en matière de protection des droits humains et tout particulièrement en matière de lutte contre la torture et les mauvais traitements.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Excellence, l’expression de ma haute considération.
Le Président
Jean-Paul ESCOFFIER