Le dictateur de Djibouti a demandé à la France la mise en examen de Mohamed Kadamy Président du Front pour la Restauration de l’Unité et la Démocratie (FRUD) à Djibouti, et la Justice française s’est exécutée, s’est même précipitée, car la demande initiale de Djibouti émise en juin 2018 était une audition et non une mise en examen. Qui dira que la justice traîne en France ?
Dans le communiqué de l’AFASPA du 3 février nous nous interrogions sur ce que cache cette demande du dictateur sous un prétexte ridicule, à savoir un accrochage en 2015 entre le FRUD et les troupes gouvernementales djiboutiennes.
Le puzzle est reconstitué.
Ismaël Omar Gueleh comme nous l’avons indiqué est en difficulté pour réussir une nouvelle fois d’usurper le pouvoir pour un cinquième mandat, devant une opposition qui s’est réunie et où le FRUD a joué un rôle essentiel. Le dictateur a trouvé dans l’actualité judiciaire française une occasion de monnaie d’échange, avec un certain Wahib Nacer, témoin dans l’affaire Sarkozy/Kadhafi, qui serait présent à Djibouti, et que le juge Touraine, chargé opportunément de ces deux affaires, entend pouvoir l’interroger dans peu de temps.
Si ce sombre montage débouchait sur le renvoi de Mohamed Kadamy dans la sinistre prison de Gabode, ce militant de la démocratie serait une nouvelle fois victime de tractations douteuses entre gouvernements : En septembre 1997 l’Ethiopie rafle 47 militants du FRUD (dont Mohamed Kadamy et sa femme Aïcha Daballé) dans les campements de réfugiés Afar, et les livre à Djibouti (pratique qui se fait aussi à l’inverse). Une campagne internationale est lancée qui aboutit en février 1998 à la libération d’Aïcha à quelques jours d’accoucher. La campagne internationale se poursuit pour la libération des 46 hommes qui sortent de cet enfer en février 2000, suite à un plan de paix. C’est en 2006 que Mohamed Kadamy obtient en France le statut de réfugié politique en raison des risques graves qu’il encourt dans son pays où il a connu tortures et traitements dégradants dans la sinistre geôle où son camarade Jabah est mort empoisonné en août 2017 alors que la cour d’appel avait demandé sa libération. C’est la même juge en charge du dossier de Jabha, Mme Lamisse Mohamed Saïd qui a fait la demande de la commission rogatoire à l’encontre de Mohamed Kadamy
Cette incroyable procédure frappe un militant africain en lutte pour l’établissement de la démocratie dans son pays qui ne n’a jamais connu de souveraineté depuis son indépendance. C’est une dangereuse mixture politico-judiciaire qui s’inscrit malheureusement en France dans un décor de recul grave des droits fondamentaux pour tous, et qui peut faire craindre pour d’autres opposants à des régimes « amis » du pouvoir.