Les mauvaises habitudes semblent se perpétuer entre les voisins dont les dirigeants arrêtent et s’échangent leurs opposants.
L’Observatoir pour le Respect des Droits de l’Homme à Djibouti dénonce l’arrestation de pasteurs afars par les autorités éthiopiennes qui les ont livrés à la police du dictateur djiboutien Omar Guelleh.
Le 18 juillet, des forces éthiopiennes sont entrées dans la zone située entre Gawah et Balho (district de Tadjourah) et ont arrêté une dizaine de civils qui s’étaient déplacés de leur région Moussa Ali à la recherche de points d’eau. Ils auraient ensuite été transférés vers Ely Daar (Nord Est de l’Éthiopie) et emprisonnés durant huit jours et où ils auraient subi de mauvais traitements.
Selon l’ORDHD (Observatoire pour le respect des droits humains à Djibouti) (*), quatre d’entre eux auraient été livrés à la police djiboutienne et sont détenus depuis le 27 juillet dans les locaux du Service de documentation et de recherche (SDR) de la gendarmerie où ils seraient torturés.
Comme tout Afar à peu près valide, ils sont accusés d’appartenir au Front de restauration de l’unité et de la démocratie (Frud). Depuis des mois, les arrestations, emprisonnements, tortures se multiplient à Djibouti, particulièrement à l’encontre des populations Afar. D’où les plus grandes craintes sur les conditions de détention de ces prisonniers.
On a déjà vu l’Éthiopie intervenir, sans mandat international, sur le territoire de ses voisins (Somalie, par exemple) pour, officiellement, empêcher des groupes terroristes de commettre des attentats sur son propre territoire. Mais quelle menace terroriste représente le Frud pour l’Éthiopie ou pour quelque pays ? Ce mouvement est-il répertorié comme mouvement terroriste ? Seul le chef de l’Etat djiboutien en est persuadé ; ce qui justifierait, selon lui, toutes les formes de répression contre le peuple Afar tout entier (hommes, femmes, vieillards, mineurs…).
La soi-disant démocratie éthiopienne ne se grandit pas en jouant la police supplétive d’Ismaël Omar Guelleh, pas plus qu’elle ne peut justifier son intervention sur un plan international.
En outre, poursuivre des éleveurs Afars affamés qui ont perdu une partie de leur bétail et tentent de sauver ce qu’il leur reste en le conduisant vers des points d’eau, relève du non-respect des droits humains les plus élémentaires.