La visite du Roi Mohamed IV au Sahara Occidental ne laisse aucun doute sur la volonté du régime marocain de poursuivre sa politique d’expansion coloniale.
Une série d’inaugurations a ponctué ces 5 jours passés au Sahara Occidental, où le monarque tentait de prouver qu’il est bien sur « ses terres » : 1 unité de dessalement d’eau et un réseau de canalisations promis depuis des décennies, 7 mosquées et des écoles coraniques pour la modeste somme de 1 millions d’euros et extension du port de Boujdour, une bien utile à la poursuite du pillage des ressources halieutiques de la côte sahraouie.
La prudence a poussé les organisateurs du séjour à limiter le passage du cortège royal aux seules villes d’El Ayoune et Boujdour sans pousser jusqu’à Smara ou Dakhla, inutile d’attiser les récentes manifestations qui s’y étaient déroulées quelques jours avant.
Que peut faire l’Etat colonisateur pour endiguer la vague incessante de manifestations des populations sahraouies depuis le mois de mai 2005 ? Elle touche les étudiants dans les universités marocaines, le sud du Maroc (la bande de Tarfaya rétrocédée par l’Espagne au Maroc, mais peuplée d’une majorité de familles sahraouies) ainsi que les villes du Sahara Occidental occupé. Ce profond mouvement s’exprime au quotidien malgré une répression qui martyrise un peuple qui n’a plus rien à perdre. Les bastonnades, emprisonnements, saccages d’appartements n’ont aucun effet sur la soif d’indépendance.
Ainsi, la mise en scène élaborée pour la visite du Roi, savamment orchestrée pour les besoins de propagande intérieure et extérieure, est l’aveu de l’impasse dans laquelle se trouve le régime marocain, obligé de faire venir le Roi en personne pour affirmer une expansion coloniale combattue depuis plus de 30 ans.
Cette visite-mascarade fut accompagnée d’une nouvelle escalade de la répression, à la hauteur du dépit royal. A El Ayoun, le 24 mars était en état de siège tant médiatique que militaire : les forces de polices se sont déchaînées de jour comme de nuit sur les manifestants qui rejetaient la visite de Mohamed VI et exigeaient le retrait immédiat de l’occupation marocaine du territoire. Des dizaines de logements ont été saccagés, 9 citoyens sahraouis ont été arrêtés,. Parmi eux, El Ghalia Djimi, vice présidente de l’Association Sahraouie des Victimes des Violations Graves des Droits de l’Homme Commises par l’Etat du Maroc (ASVDHEM) et son mari, Dah Moustapha Dafa, tous deux anciens disparus « des années de plomb ». Ces parents de 3 enfants ont été arrêtés alors qu’ils rendaient visite à la mère du prisonnier d’opinion Hmad Hammad. Ces dernières personnes s’ajoutent aux 15 jeunes gens arrêtés quelques jours auparavant lors de la visite du Roi dans la ville et dont on est sans nouvelles sur leur sort à ce jour. Une même répression aveugle s’est étendue à Smara où 130 citoyens sahraouis ont été blessés dont certains sont dans un état grave.
La France doit cesser de soutenir devant les Nations Unies les tergiversations de ce régime colonial corrompu qui refuse l’organisation d’un référendum libre et sans contrainte ainsi que l’a décidé le Conseil de Sécurité de l’ONU.
Réplique à l’arrogance marocaine ou coïncidence de calendrier… dans le même temps, une rencontre entre les présidents Thabo Mbeiki et Boutéflika s’est achevée par un communiqué commun dans lequel il est rappelé que le règlement du conflit du Sahara Occidental ne se règlera pas sans l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.