TEMOIGNAGE ACCABLANT DE LA REPRESSION POLICIERE MAROCAINE

Cher Erik, je t’écris ceci malgré la douleur.

Il est en train de se produire une multitude d’évènements sanglants dans les universités marocaines. Des centaines de victimes et beaucoup d’arrestations, on nous attaque toujours aux périodes d’examens, spécialement de fin d’année.


A Agadir:

Depuis le mercredi 2 Mai jusqu’à maintenant des choses horribles sont arrivées. Les étudiants sahraouis ont été férocement attaqués par des étudiants marocains appelés les « Amazigh », qui étaient encouragés par le gouvernement ; ils étaient armés de matraques de fer et ont blessé grièvement une centaine d’étudiants sahraouis. Certains d’entre eux ont été conduits à l’hôpital. De plus les forces de police marocaines sont entrées à deux reprises, dans la partie de l’université où vivent les étudiants sahraouis, durant les nuits des 2 et 3 Mai, pour torturer sauvagement et arrêter plus de 30 sahraouis dont 5 ont été emprisonnés.

Les noms des torturés sont :
Erradi Mohamed, Errabeh Otman, Mohamed Salem Elmehdi, Mohemed salem Chrif, Chtouki Abdslam, Mossa Erradi, LwafiRrahel, Brika Haboub, Saed Ba Haddi, Mansour Lefkir, Lbachir Lismaiili, Khaled Rgaibi, Lebloud lhusain, Saiid Laabidi, Ali Laaguig, Hadad Lmehdi, Mrisli Lhusain, Chouiaar Mohamed, Chain Ahmed, Lfilali Mahmoud, Lemberki Salek, Lfilali Sidahmed, Mulay Zain, Maatalla Lefnain, AbdAllah Ddarouich.

Les 5 détenus sont :
Mraisli Lhusain, Chain Ahmed, Chouiaar Mohamed, Lfilali Mahmoud, El Geddari.

Deux étudiants sahraouis sont gravement blessés il s’agit de :
Lakhal Mohamed Fadel et Moulud Lembarki.

A Marrakech :

Nous avons commencé une grève de la faim pour répondre à ce qui est arrivé à Agadir.
Nous avons fait des manifestations de protestation contre le gouvernement marocain, mais elles ont reçu de sauvages et de violentes attaques. Le 9 mai les forces marocaines ont fait irruption dans le district de l’université durant une manifestation. Certains des étudiants se sont sauvés, mais ceux qui ont fait face aux marocains ont été sauvagement torturés à tel point que l’étudiante Seltana Khayya a perdu son oeil et une autre, Sumaya Abdeddayem a souffert de blessures au ventre à l’arme blanche.
Un autre garçon, Abdati, a eu les pieds fracturés. Pour ma part j’ai été frappée avec une matraque de fer aux parties sensibles et avec une pierre à la tête. Sur le chemin de l’hôpital la police nous a torturés dans l’ambulance. Abdati a été emmené directement au commissariat, où il a été de nouveau torturé et jeté dans une cellule sans avoir reçu de soins médicaux. Ils ne nous ont pas soignés, ils nous ont uniquement torturés. Quand Seltana a dit à son tortionnaire en lui demandant d’arrêter qu’elle ne pouvait pas supporter l’immense douleur dans son oeil arraché, celui-ci a frappé l’autre oeil et nous a menacés de nous brûler vivantes.

Nous sommes arrivées à l’hôpital dans un état lamentable, entourées de forces police, ils nous tiraient par cheveux, ils nous ont craché dessus, insultées et giflées. Le médecin s’est limité à nous ausculter par dessus pour vérifier si nous avions quelque chose cassé et il a bandé l’oeil de Sultana. Puis la police nous a mises toutes les trois dans une voiture, où ils nous ont violées et torturées psychologiquement.

Nous sommes arrivées au commissariat à Jamea Lefna, où ils nous ont interrogées malgré notre état de choc, en particulier Sultana, dont l’œil ne cessait de saigner. Je les ai suppliés d’emmener Seltana à l’hôpital, car elle saignait entre mes mains et gémissait de douleur. Mais ils n’en ont rien fait. En suite, après des heures de souffrance, ils ont dit qu’ils l’emmenaient à l’hôpital, mais en réalité ils l’ont enlevée. La police nous a appelées l’une après l’autre pour nous interroger, mais ce ne furent que des humiliations. Ils n’avaient rien de spécial à demander, ils nous ont insultées et craché sur nous. Finalement ils nous ont mis un numéro et nous ont fait des photos.
A peine pouvions-nous nous bouger. Nous avons été libérées le 10 mai. La police nous a suivies pour savoir où nous vivions. Nos maisons sont devenues des cabines militaires.

Seltana a été de nouveau torturée dans l’ambulance par le même tortionnaire et en suite ils l’ont jetée dans une chambre vide d’un hôpital devasté. Ils l’ont obligée à signer beaucoup de papiers sous pression. Elle a eu une mauvaise intervention chirurgicale et elle a perdu son œil pour toujours. La police la surveille sans cesse.

Les forces de police marocaines ont torturé beaucoup d’étudiants sahraouis quand elles ont fait irrumption dans le district de l’université, ont violé certaines étudiantes et arrêté beaucoup de sahraouis. La majorité d’entre eux ont été libérés après avoir été torturés et 6 d’entre eux ont été emprisonnés. Il s’agit de Rachid Bennou, Dah Mbairik, Aziz Ayt Yousef, Fattah Aydasyya, Mahmoud Lenkitni et un étudiant marocain dont nous ne savons pas le nom.

Le 11 Mai les étudiant sahraouis ont manifesté et protesté contre ce qu’on nous avait fait. Ils étaient à peine 20 étudiants, face à un important déploiement de policiers qui les entouraient.

A Casablanca :

Les évènements se sont produits pour les même raisons.

Le 11 Mai des étudiants sahraouis ont manifesté pour nous soutenir. Dans l’après-midi, les forces de police marocaines ont contourné le district de l’université, alors que des étudiants racistes marocains armés ont fait irruption dans les chambres des étudiants sahraouis et les ont frappés, en détruisant et volant leurs affaires. On a dispersé les étudiants sahraouis et 7 d’entre eux grièvement blessés sont à l’hôpital. Les 3 plus gravement atteints sont Swelam Lerzal, qui a été brûlé, Cherkawi Yusef, qui a été durement frappé à la tête aux bras et aux pieds et Baiban Mohamed Ali. Omar Sayeh a été blessé par un couteau, la police l’a torturé durant le trajet en ambulance et l’a jeté dans une cellule sans qu’il ait été soigné.

A Rabat:

Les protestations d’étudiants sahraouis continuent.

Nous avons perdu notre année d’études, les examens sont passés et la majorité d’entre nous a perdu ses documents, par conséquent nous n’avons pas la possibilité de nous en aller… Et Seltana est infirme.

Ceci est la politique continue du Maroc avec les étudiants sahraouis en période d’examens, pour que nous n’étudions pas, que nous ne nous formions pas, ignorions nos droits et prenions nos responsabilités.

S’il vous plaît, aidez-nous… les choses sont chaque fois pires.

Rbab Amidan