Mohcine FIKRI avait emprunté de l’argent pour acheter et vendre du poisson à Al-Hoceima une ville côtière du Rif. Pour survivre, comme tant d’autres chômeurs, il tenait un petit étal. Le 28 octobre la police a fait détruire sa marchandise. Détruire de la nourriture est déjà en soi un crime dans un pays classé 126ème sur 176 à l’Indice de développement humain en 2015 (117ème en 2014. Mais ce crime ne suffisait pas, le policier a donné l’ordre d’actionner le broyeur de la benne à ordure où Mohcine FIKRI tentait de sauver sa marchandise. Ce jeune homme de 31 ans est mort écrasé devant les hurlements de la foule qui assistait à cette scène cauchemardesque.
On nous dit, comme pour justifier l’injustifiable, qu’il s’agissait d’espadon interdit à la vente. Mais pourquoi est-il commercialisé? Car une telle bestiole ne sort pas du port dans un panier. On peut penser que Mohcine Fikri avait payé ce qu’il fallait pour acquérir et sortir sa marchandise du port.
C’est une véritable marée humaine qui a participé aux funérailles en accompagnant sur une quinzaine de kilomètres l’ambulance qui le transportait le corps de Mohcine à Imzouren. Photos et vidéo de cet atroce assassinat ont circulé sur les réseaux sociaux appelant à manifester. C’est dans tout le Maroc que la révolte gronde aujourd’hui.
Les autorités marocaines empêchent les correspondants de presse de se rendre sur place pour faire leur métier. Mais il est fini le temps de la chape de plomb sur les crimes de la dictature royale. Le Parti Justice et Développement (PJD, islamiste) du Premier ministre Abdelilah Benkirane a quant à lui exprimé ses « regrets pour cet accident regrettable », et a demandé à ses militants à ne répondre « en aucune manière » aux appels à manifester.
Dans les manifestations on entendait les slogans « Makhzen dégage » comme lors du mouvement du 20 Février de 2011. Une expérience qui est restée gravée dans la mémoire collective au Maroc. Le peuple marocain ne supporte plus l’humiliation, l’arbitraire des autorités et des forces de police, les règlements et la justice à la tête du client.
A quelques jours de l’ouverture de la COP22 le pouvoir craint que la colère continue de se manifester. Une sinistre pancarte risque de resurgir (en photo ci-dessous)sous le dessin, cette inscription « Bienvenue à la COP22 : ici, on broie les gens ».
On apprend ce jour que le Maroc vient d’être admis au Comité de prévention de la torture du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU!
Est-ce pour y prendre des leçons? Car on voit difficilement les officiels marocains prêcher « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ».