Faire taire les voix qui réclament Vérité et Justice, telle est la constante du Makhzen marocain qui attaque devant ses tribunaux aux ordres, les avocats de causes qui dépassent les « lignes rouges » fixées par le Palais. C’est ce que connaissent aujourd’hui Maître Messaoudi avocat de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme et Maître Buttin avocat de la famille Ben Barka.
Trop insupportable pour le colonisateur qu’un avocat marocain défende des militants sahraouis pour leurs opinions politiques.
C’est la raison réelle pour laquelle Maître Messaoudi, avocat de l’AMDH comparaissait le Vendredi 7 Février 2014 devant le Tribunal de Casablanca, accusé « d’outrage à magistrat ».
Le Syndicat des Avocats de France a envoyé un observateur à ce procès qui a rendu compte de sa mission que vous trouverez en pièce jointe. Le jour du procès le Bâtonnier de Paris avait adressé ce message suivant à tous les avocats du Barreau de la capitale.
Paris, le 7 février 2014 – Le barreau de Paris exprime sa vive inquiétude concernant l’avocat marocain Mohamed EL-MESSAOUDI, militant des droits de l’Homme, connu pour être intervenu lors de procès sensibles.
Il comparaît aujourd’hui devant la Cour d’appel de Casablanca, statuant en disciplinaire, pour outrage à magistrat au motif qu’il se serait mis debout, par manque de place, aux côtés du représentant du parquet général lors du procès qui s’est tenu le 7 janvier 2011, alors qu’il défendait des militants sahraouis du groupe de Tamek.
Le barreau de Paris appelle la communauté des avocats à se mobiliser pour soutenir leur confrère qui fait face à un véritable harcèlement judicaire en raison des causes qu’il défend.
Pierre-Olivier SUR, bâtonnier de Paris, exprime son indignation :
Affaire Ben Barka : Après les blocages, on s’attaque à l’avocat de la famille
Outrées et scandalisées, les associations du collectif Al-Haqiqa (la Vérité) apprennent que l’avocat de la famille Ben Barka, Me Maurice Buttin, sera jugé le 18 février à Lille pour « violation du secret professionnel ».
En octobre dernier et à l’occasion du 48ème anniversaire de l’enlèvement et de l’assassinat de Mehdi Ben Barka, cinq associations marocaines de défense des droits de l’Homme et de l’immigration avaient adressé une lettre au président de la république française pour lui «demander de favoriser l’accès à la justice de tous les éléments et informations pouvant aider à la manifestation de la vérité avant qu’il ne soit trop tard – les témoins vieillissent et les éléments matériels risquent de disparaître », et les cinq associations de lui rappeler que « l’instruction judiciaire, toujours ouverte depuis près d’un demi-siècle, peine à aboutir. »
Force est de constater qu’au lieu d’agir dans le sens de la levée des blocages pour favoriser la manifestation de la vérité sur le sort de la disparition de Mehdi Ben Barka, les autorités judiciaires françaises n’ont mieux trouvé que de poursuivre en justice le plus ancien avocat de la famille Ben Barka qui prend en charge l’affaire depuis 50 ans.
Elles reprochent à Me Maurice Buttin d’avoir divulgué des secrets de l’instruction à propos des mandats d’arrêt internationaux lancés contre les sécuritaires marocains en 2007*.
Cette plainte fait curieusement suite à celle de Miloud Tounsi, concerné par ces mandats d’arrêt, contre le journaliste Joseph Tual, spécialiste de l’affaire. Ce procès a, rappelons-le, été perdu par Miloud Tounsi.
Au moment où les blocages politiques continuent d’empêcher la justice de progresser dans l’établissement de la vérité, les autorités judiciaires françaises s’en prennent scandaleusement à l’avocat de la famille de la victime.
Par ces procédés d’intimidation, on tente vainement d’empêcher la famille Ben Barka et son avocat de poursuivre ce travail acharné, entamé il y a presque 50 ans, et de rechercher la vérité quant aux circonstances exactes de la disparation du leader marocain.
Cela confirme malheureusement la volonté de poursuivre la même politique de complaisance et de complicité avec les autorités marocaines pour que rien ne soit dévoilé sur ce crime abominable commis au cur de Paris.
Les associations marocaines regroupées dans le collectif Al Haqiqa (Vérité), dénoncent ces procédés et réaffirment leur soutien à Maître Buttin et à la famille Ben Barka. Elles considèrent que rien ne pourra arrêter le combat engagé pour que triomphent la vérité et la justice.
Elles demandent à toutes celles et à tous ceux qui le peuvent de se rendre au procès de Me Buttin pour lui témoigner notre solidarité.
Rendez-vous mardi 18 février à 14h devant le Tribunal de grande instance de Lille
13, avenue du Peuple Belge 59034 Lille
Collectif Al-Haqiqa (AMBDH, APADM, ASDHOM, FMVJ-France, KMM)
* Les cinq personnes visées par ce mandat d’arrêt international sont le général Hosni Benslimane, chef de la gendarmerie royale marocaine, Abdelkader Kadiri, ancien patron de la Direction Générale des Etudes et de la Documentation (DGED, renseignements militaires), Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, l’un des membres présumés du commando marocain qui aurait enlevé Ben Barka, Boubker Hassouni, infirmier et agent du Cab 1, une des unités des services marocains ultrasecrète, et Abdelhaq Achaachi, également agent du Cab 1.
Ci dessous quelques liens rappelant l’historique des poursuites contre Maître Buttin
Le premier est le reportage fait le 22 octobre 2007 dans le 19/20 France3 :
http://www.ina.fr/video/4048618001010?fb_action_ids=727176873983037&fb_action_types=og.likes&fb_source=other_multiline&action_object_map=%5B303806899750635%5D&action_type_map=%5B%22og.likes%22%5D&action_ref_map=%5B%5D