Il y a lieu de s’interroger sur la façon avec laquelle s’effectuent les interventions de secours, au mépris de toute concertation avec les acteurs locaux haïtiens et les équipes sanitaires en place de longue date. La prise en main de l’aéroport de la capitale par l’armée américaine en est l’illustration. Le rôle de l’ONU est une nouvelle fois marginalisé, alors qu’elle devrait dans de tels cas jouer un rôle de coordination entre les équipes des différents pays dépêchées dans l’urgence.
L’AFASPA s’élève contre les projets de « reconstruction » d’Haïti ourdis par les grandes puissances sous la direction des USA. Cette nécessaire reconstruction doit se faire sous l’égide de l’ONU, contrôlée par les haïtiens, avec des investissements servant à créer des industries de transformation répondant aux besoins de la population, nourriture, outils, etc... aujourd’hui importés.
Elle dénonce ce mépris qui occulte la dimension historique des liens d’Haïti avec la France et son apport à la civilisation universelle : première république noire dont la Constitution a servi de modèle aux nouveaux Etats indépendants d’Amérique du sud au XIXe siècle, elle-même incarnant les idées de la Révolution française. La défaite infligée aux troupes de Napoléon par les esclaves révoltés précède de 150 ans la victoire de Dien Bien Phu qui a ouvert la voie aux décolonisations. C’est un général haïtien qui a proposé d’ajouter la Fraternité à l’Egalité et à la Liberté dans la devise de la République Française. Frappé d’ostracisme par les puissances qui craignaient sa contagion libératrice, obligé de payer une lourde indemnité à la France au XIXe siècle, occupé militairement par les USA de 1915 à 1934, soumis à des dictatures soutenues par les puissances impérialistes, le peuple d’Haïti a développé une culture remarquable dans tous les domaines artistiques.
Il a su aussi développer une culture de solidarité et d’entraide dans la dignité et la volonté d’indépendance.
Bagnolet le 23 Janvier 2010